Le site «Expédition Culari Tampak» réalisé par Lyriane Bonnet, Ingénieure au CNRS présente les vidéos et le journal de terrain multimédia de l'expédition menée par le Géographe François-Michel Letourneau. Il prolonge l'installation interactive diffusée au centre de création numérique Vdmlab - Visages du monde de Cergy ainsi que le dispositif numérique mis en place tout au long de l'expédition.
L'expedition «Culari Tampak»
De chaque côté de la frontière entre Brésil et Guyane française se trouvent deux parcs nationaux : le Parc Amazonien de Guyane et le Parc Montagnes de Tumucumaque. A eux deux ils représentent plus de 7 millions d’hectares (plus que la surface de toute l’Ile de France) destinés à la protection de l’environnement.
Ces parcs recouvrent une zone très peu connue et presque inaccessible : les collines Tumuc Humac. Les quelques explorateurs qui nous les ont fait connaître en ont décrit les marges, mais aucun ne les a traversées en leur centre du sud vers le nord.
Le centre de cette zone est donc inconnu. Il a sans doute été parcouru par les orpailleurs mais nous ignorons l’ampleur de leur impact sur l’environnement. Par ailleurs, les rivières de la région sont soit très mal connues (en Guyane française) soit totalement inconnues (au Brésil). On manque donc d’informations géographiques qui permettent ensuite de planifier des expéditions scientifiques ou bien des actions de gestion des Parcs.
L’opération « Culari-Tampak » se propose de répondre à ces lacunes en relevant le défi d’une traversée sud-nord de cet espace protégé binational. Elle cherchera à relier Laranjal do Jari, au Brésil, à Maripasoula, en Guyane française.
Son parcours est un immense défi pour les hommes et pour les matériels.
Il faudra remonter le fleuve Jari sur 300 km en affrontant plusieurs dizaines de rapides, notamment ceux nommés Urucupata et Mukuru, sans parler des impressionnantes « Chutes du désespoir ».
Il faudra ensuite remonter la rivière Culari, à la rame, sur près de 120 kilomètres. Aucune carte de ce parcours n’existe, il est donc impossible de savoir combien de rapides attendent la petite équipe qui s’y risquera. La seule certitude est que plus elle remontera la rivière, plus les arbres tombés et la végétation ripicole compliqueront la progression.
Lorsque celle-ci sera trop difficile, il sera temps de démonter les embarcations et de partir à pied dans la forêt pour effectuer le passage de la ligne de partage des eaux, qui marque la frontière entre le Brésil et la Guyane française. Il faudra porter en plus des matériels tout le ravitaillement, dans une zone hostile, composée de nombreux marécages et de collines aux pentes glissantes.
Arrivée sur l’autre versant, l’équipe devra localiser la crique Alice ou l’un de ses affluents et remonter les bateaux afin de commencer la descente. Elle devra affronter là encore de très nombreux rapides sur la crique Alice puis sur la rivière Tampak et enfin sur le fleuve Maroni avant d’arriver enfin à Maripasoula. Ce trajet fluvial en Guyane française représentera près de 150 km.
L’opération « Culari-Tampak » est réalisée en partenariat entre des institutions françaises et brésiliennes, notamment le Parque nacional Montanhas de Tumucumaque, le centre de recherche et de documentation des Amériques et l’observatoire Hommes-milieux Oyapock du CNRS, et la Fondation ORSA. Elle sera rendue possible grâce au mécénat de la médiathèque visages du monde, de l’ambassade de France au Brésil, du fonds de coopération régional de la préfecture de Guyane et de l’Institut des Amériques.
L’équipe sera coordonnée par François-Michel Le Tourneau. Géographe, directeur de recherche au CNRS, il étudie depuis dix ans l’Amazonie brésilienne et a réalisé de très nombreuses missions de terrain dans des régions isolées. Il est l’auteur de nombreux articles publiés dans les meilleures revues françaises et internationales de géographie, d’un ouvrage sur les Indiens Yanomami et d’un livre sur le fleuve Jari. Il a réalisé plusieurs travaux dans la région du Jarí, notamment une l’expédition Mapaoni, qui a fait l’objet d’un film de 90 minutes diffusé sur Arte en prime time en septembre 2012.